samedi 19 juillet 2008

Actualité du Off 2

Le ventre de la baleine

Maudite Aphrodite


© Spike

Après le Bureau National des Allogènes et avant Si j’avais su j’aurais fait des chiens, Vincent Goethals porte à la scène un troisième texte de l’auteur belge Stanislas Cotton, Le ventre de la baleine. Une pièce magnifique à la fois ancrée dans le réel (la descente aux enfers d’une femme battue par son homme) et en orbite dans les galaxies de la mythologie (elle se rêve en Aphrodite), du conte (elle voit son époux en «dragon») et de l’enfance où les comptines se métamorphosent en mélopée du désespoir. Baigné par la belle partition musicale de Spike Mortelecque et magnifié par le jeu incandescent et généreux de Valérie Dablemont, ce personnage brille de beautés et douleurs multiples : petite fille espiègle apeurée par le «méchant loup», amoureuse transportée par le souvenir sidérant de corps à corps enflammés, esclave domestique noyée dans sa morne existence, victime terrorisée et tuméfiée d’un tyran, divinité un peu folle réfugiée dans les arcanes de l’imaginaire. Soit l’histoire terrible d’une effrayante dépendance avec ses (rares) extases et sa lente traversée du Styx : «Je suis morte mais personne ne veut me croire» confie cette femme en détresse… Entre douceur et violence, trouées d’onirisme et gifles de réalisme, la mise en scène fluide de Vincent Goethals dévale à merveille les pentes abruptes du texte de Stanislas Cotton, miroir de ces «sombres dédales où coulent des rivières de larmes et de sang».


© Spike


Tous les jours à 14h jusqu’au 27 juillet au Studio Théâtre Avignon Temps Danse, avenue des Sources, 1 impasse Massena.



Les pensées de Mlle Miss

Un monde (presque) parfait

Ecrit et mis en scène par Christophe Moyer, ce spectacle poursuit la veine inaugurée avec Le Rapport Lugano présenté dans le Off en 2004. Pour l’écrire vite, Les pensées de Mlle Miss démonte modestement quelques mécanismes du «système» économique réduisant l’homme au rang de marchandise périssable dont la date de péremption s’amenuise inexorablement. Dans ce monde (à peine) futuriste, trois personnages travaillent pour une cellule – «banque de données centrales du village-monde» – chargée de conditionner l’opinion publique pour lui vendre non plus seulement des produits mais surtout des embryons d’idées ou des slogans sommaires en tous genres. Là, une employée en rupture de ban, un patron «ventriloque d’un peuple de marionnettes» et un «nettoyeur» cynique se croisent sans se parler alors que d’imperceptibles grains de sable grippent (momentanément) la machine. Si le texte se révèle parfois pertinent (en particulier avec ce «droit au travail lié au devoir de consommation») et évite l’écueil de la caricature, il échoue sur les récifs du didactisme avec une absence de tension dramatique et, surtout, un problème dans l’articulation entre sphère intime et univers professionnel. Si bien que les personnages existent assez peu (les comédiens font ce qu’ils peuvent) et demeurent prisonniers de la démonstration malgré une subtile scénographie qui leur ménage d’intéressantes perspectives.
Tous les jours à 14h35 jusqu’au 2 août à Présence Pasteur, 13 rue du Pont Trouca.

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