Il
ne faut jurer de rien
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© Simon Gosselin |
Jouée pour la première fois en 1749, cette comédie
en décasyllabe de Voltaire relate les atermoiements amoureux du comte d’Olban
qui voudrait épouser Nanine, une belle et vertueuse paysanne, mais doit vaincre
les préjugés de classe et revenir sur sa promesse donnée à la baronne de
l’Orme. Brillamment mise en scène par Laurent Hatat, cette pièce suscite
d’abord un vrai plaisir de spectateur mais aborde surtout avec finesse la
question de la liberté de la femme et de ses aspirations dans un monde dominé
par les hommes.
Une comédie (désen)chantée
Avec un prologue chanté du plus bel effet – en forme de clin d’œil narquois à Jacques Demy et à ses histoires (en)chantées – par lequel les comédiens présentent leur personnage, le spectateur entre pleinement dans cet espace de jeu en quadri-frontal où, autour d’un méchant canapé, vont s’affronter aristocrates et plébéiens. Un combat inégal entre la noblesse de cœur incarnée par Nanine et une noblesse de titre personnifiée par la baronne de l’Orme, autocrate fustigeant une Nanine qui a «l’insolence de plaire» au comte d’Olban qu’elle convoite. Comme si sa modeste condition assignait Nanine à l’assujettissement et la destinait à la convoitise empressée et maladroite du jardinier des lieux.
Une comédie (désen)chantée
Avec un prologue chanté du plus bel effet – en forme de clin d’œil narquois à Jacques Demy et à ses histoires (en)chantées – par lequel les comédiens présentent leur personnage, le spectateur entre pleinement dans cet espace de jeu en quadri-frontal où, autour d’un méchant canapé, vont s’affronter aristocrates et plébéiens. Un combat inégal entre la noblesse de cœur incarnée par Nanine et une noblesse de titre personnifiée par la baronne de l’Orme, autocrate fustigeant une Nanine qui a «l’insolence de plaire» au comte d’Olban qu’elle convoite. Comme si sa modeste condition assignait Nanine à l’assujettissement et la destinait à la convoitise empressée et maladroite du jardinier des lieux.
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© Simon Gosselin |
Une rivalité de classe qui fragilise la détermination de Nanine («je pense trop pour un état si bas» avoue-t-elle désemparée), jouet de la passion des puissants, étouffée par l’amour du comte et effrayée par la haine de la baronne, en une ronde de sentiments proférés avec menaces ou injonctions. Une marionnette dans les mains de ses manipulateurs mais qui, bientôt, coupera les fils pour mieux s’émanciper. Mais si Nanine semble s’affranchir des «je veux» assénés par ses «maîtres» et aspire à être enfin son «propre sujet», elle subit, impuissante, l’étreinte finale du comte qui s’apparente au baiser du tueur anéantissant ses rêves d’indépendance.
L’épilogue ambivalent d’une pièce qui pourrait être le chaînon manquant entre le Marivaux de La Double inconstance et du Préjugé vaincu – une pièce de 1746 qui est aussi le sous-titre de Nanine ! – et le Beaumarchais du Barbier de Séville (mis en scène par Laurent Hatat en 2010). Une comédie menée tambour battant – rythmée par la partition musicale live de Johann Chauveau – qui interroge avec une pointe de désenchantement la place de la femme dans une société inféodée au pouvoir masculin.
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© Simon Gosselin |
Parfaitement dirigé, le magnifique quintet de comédiennes – Mounya Boudiaf, Noémie Gantier, Caroline Mounier, Victoria Quesnel et Tiphaine Raffier – donne un supplément d’âme et de corps à ses personnages, favorisant la part de féminité des rôles masculins et impulsant une masculinité aux rôles féminins. Une plaisante confusion des genres accentuant le trouble et dessinant de subtils artifices dans un jeu de dupes autour du désir et de la liberté.
Représentations du 14 au 28 juillet à 14h15 au
festival Off d’Avignon, Présence Pasteur. Puis les 18 et 19 mars 2014 au
Théâtre de Lons-le-Saunier et le 4 avril au Centre culturel d’Arques.
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